Chapitre 65
:
Je gagne toujours à la fin

Le Doktor Ickx a raison, passé un certain temps, le mensonge, c’est de choisir la vie

Le Doktor Ickx a raison, passé un certain temps, le mensonge, c’est de choisir la vie. J’ai choisi, oui, comme lui, j’ai choisi la mort – ma mort. Spook and the Guay chantent « Douze balles dans la peau, y en a encore pour trouver ça beau. » Eh bien oui, moi, je trouve ça beau, je préfère encore infiniment cela à mourir d’un accident de voiture, d’une balle perdue, par hasard, tué sans autre raison qu’être malencontreusement là, au mauvais instant, au mauvais endroit, ou de finir dans mon lit, vaincu par la vieillesse ou par une longue maladie, peut-être pas même douloureuse.

Et puis, si une larme d’Artémise sur mon corps toujours tiède me manquera pour parfaire le tableau, mourir seul contre tous, dans une ultime lutte pour une cause juste, une cause perdue surtout, ça a quand même plus de classe que d’avaler sa boîte de Véronal un soir, à quarante ans, alors que l’on se rend compte du néant, de la misère qu’a toujours été sa vie.