Le
Doktor Ickx a raison, passé un certain temps, le mensonge, c’est de choisir la
vie. J’ai choisi, oui, comme lui, j’ai choisi la mort – ma mort. Spook and the
Guay chantent « Douze balles dans la peau, y en a encore pour trouver ça
beau. » Eh bien oui, moi, je trouve ça beau, je préfère encore infiniment
cela à mourir d’un accident de voiture, d’une balle perdue, par hasard, tué
sans autre raison qu’être malencontreusement là, au mauvais instant, au mauvais
endroit, ou de finir dans mon lit, vaincu par la vieillesse ou par une longue
maladie, peut-être pas même douloureuse.
Et
puis, si une larme d’Artémise sur mon corps toujours tiède me manquera pour
parfaire le tableau, mourir seul contre tous, dans une ultime lutte pour une
cause juste, une cause perdue surtout, ça a quand même plus de classe que
d’avaler sa boîte de Véronal un soir, à quarante ans, alors que l’on se rend
compte du néant, de la misère qu’a toujours été sa vie.