Avertissement
Ami lecteur, l’intrigue de cet ouvrage, j’entends
l’action, l’action violente, romanesque, ne débute réellement que chapitre 12,
avant de laisser place à un roman plus noir et – comment dirais-je ? –
infiniment plus dur, plus difficile aussi. D’ici là, d’après quelques profanes
cauteleux, les onze premiers chapitres sont chiants – tu peux t’en affranchir.
Fin de l’avertissement
Je suis
né avec une intelligence rare, peut-être même unique. C’est un outil magnifique l’intelligence,
et utile, cela permet de résoudre plus vite et plus exactement que les autres
des équations du troisième degré à huit inconnues.
J’étais
un branleur à l’école. J’ai toujours intuitivement haï l’ordre et le travail.
Pourtant, à dix-sept ans, après avoir connu pour raisons disciplinaires
l’exclusion de huit lycées en trois ans, je découvris la rigueur, l’opiniâtreté
de la lutte, le mérite, l’autodiscipline. Quatre ans plus tard, certain qu’il est
facile de cracher sur ce que l’on ne peut atteindre et humiliant de se
contenter de ce que l’on vous donne – appelons cela la grâce du
« non » – je sortais major de l’École Normale Supérieure.
À seize ans, au baccalauréat, je lançais le poids des
filles sous le barème des filles : trois kilos à moins d’un mètre vingt,
en mordant généreusement la ligne. Trois ans plus tard, je devenais champion de
France du cent mètres papillon en cinquante-six secondes quarante-huit –
Vaquette ! Ce n’est pas possible ! Tes propos sont puérils,
ridicules, aberrants et anachroniques ! Ce n’est pas comme ça que tu vas
finir reusta !
Et pourtant, vous n’avez encore rien lu : voilà
comment je suis devenu un héros.