Encyclique
aux Fidèles du Grand Mythe Vaquettien


Ami-camarade adorateur du Grand Mythe Vaquettien,

Point numéro un. Il est possible – il y a quelques jours je vous aurais écrit Il est probable, mais l’optimisme semble, à l’heure où j’écris ces lignes, infiniment moins de rigueur (Quelle sens de la litote tout de même ce Vaquette !) ; mais, qui sait ? il peut revenir au galop, le monde MerveilleuX de la révolution alternative en marche étant rempli de surprises, parfois même agréables – que le spectacle de l’IndispensablE se joue à Strasbourg dans le cadre de la manifestation anti-Otan du 1er au 5 avril prochain. Actuellement, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, vous l’aurez compris tant vous êtes, chacun de vous, à la sagacité ce que Nicolas Sarkozy est à la diversité bling-bling au ministère de la Justice et de la Répression – Oui, oui ! depuis que je fréquente l’avant-garde de l’insurrection contre l’ordre capitalistico-militaro-fasciste, mes tropes sont devenus étonnamment gauchistes : mes excuses aux plus libertariens d’entre vous. Cela dit, si cette date devait au final voir le jour, à défaut d’une nouvelle Encyclique peu probable, vous trouverez des informations de dernière minute sur la page actualité de crevez-tous.com, n’hésitez pas à la consulter jusqu’à l’ultime jour de la manifestation.
Point numéro deux. Certains d’entre vous recevaient en guise d’Encyclique un texte blanc sur fond blanc (ce qui, convenons-en, n’optimise guère la lisibilité même si, bien mis en valeur dans une galerie d’art, cela aurait pu m’assurer gloire et fortune) agrémenté de quelques images déconnectées dudit texte. Conséquemment, certains d’entre vous (les mêmes, donc, ou alors des pervers) s’en sont plaints au prince du Bon Goût, prince du Bon Goût qui, agacé par cette impéritie indigne de son exigence en toute chose a dès cet instant mis sur pied un brain-trust de haut vol, une task force composée exclusivement de normalien et de centralien (Bon d’accord, de nouveau je le confesse, seul le centralien a vaillamment travaillé, Vaquette ne s’abaissant pas à ces tâches purement techniques qu’il ne maîtrise d’ailleurs que modérément.) Bilan… et bien c’est à vous de nous le dire, j’attends donc vos retours pour savoir si vous avez noté une amélioration réelle – je parle bien sûr à ceux qui ne recevaient pas l’Encyclique correctement – et vous remercie par avance pour les retours en question qui nous seront très utiles. J’ajoute que vous pouvez féliciter directement Vincent (la task force centralienne) ici, et que, pour ceux qui l’auraient ratée, la précédente Bulle, dans laquelle on parle de censure ordinaire, est là, il paraît que c’est une très bonne cuvée.
Point numéro trois. Je vous avais promis, toujours dans la Bulle précédente, de vous tenir au courant du ratio nombre de paiements / nombre de téléchargements sur ma page "Téléchargement en libre responsabilisation" enfin mise en ligne à la mi-février. Et bien… et bien… (Quel suspens tout de même !)… c’est une catastrophe ! une catastrophe au-delà de mes craintes pourtant misanthropes, c’est tout dire. 8,86% des personnes qui ont effectivement téléchargé le CD ont payé quelque chose ! Et encore, ce chiffre masque grandement la réalité car si presque la moitié (43,75% pour être précis) des téléchargements réalisés dans la foulée de la Bulle précédente ont donné lieu à un paiement, souvent très généreux d’ailleurs (comme quoi, vous qui me lisez, vous êtes MerveilleuX, du moins pour une (petite) moitié d’entre vous), ensuite, ensuite ! le ratio tombe à 1,59% ! – C’est ridicule, n’est-ce pas ? –, c’est-à-dire que (pratiquement) personne du "public lambda" (J’entends tous ceux, donc, qui ne sont pas adorateurs du Grand Mythe Vaquettien au point de lire cette Encyclique mais qui sont tout de même suffisamment intéressés par mon travail pour avoir fait le maigre effort de télécharger mon CD) ne considère comme normal de rétribuer a minima un musicien pour son travail (et ce, même s’il pratique le DIY sans parasites (maisons de disques, éditeurs, distributeurs, plateformes de téléchargement, etc.)) dans la mesure où il n’y est pas structurellement obligé, dans la mesure où on lui laisse la liberté et la responsabilité de le faire, ou non. Définitivement "l’idéal libertaire est aristocratique" et le discours de ceux qui militent pour un accès libre et gratuit aux MP3 sur la toile en prétextant que cela induira des comportements responsables et équitables masque mal la sordide réalité : rien à foutre ! je peux carotter, je carotte, j’vais pas lâcher ma thune pour de la musique que je peux avoir gratos, je préfère la garder pour des trucs vraiment utiles comme le teuteu ou la bière, dans le cas de mon public, ou la gova tunée, dans celui de Fatal Bazooka. Alors, une seule question, éternelle depuis Léon Bloy jusqu’à Vaquette : comment voulez-vous que je ne sois pas désespéré ?
Point numéro quatre. La Miroiterie, squat parisien dans lequel j’ai joué mon dernier spectacle (ainsi que le précédent d’ailleurs) est menacé d’expulsion après dix ans de remarquable tranquillité. Alors, certes, les échos que j’ai pu avoir ici ou là me laissent penser qu’une majorité d’entre ceux venus acclamer l’IndispensablE et Blair dans cette salle en novembre dernier n’ont pas gardé le souvenir d’un lieu mirifique et, c’est vrai que, particulièrement en hiver, on peut regretter que les conditions de confort, d’attention, de calme, de charme, que sais-je encore ? ne soient pas, disons pour une fois encore user de la litote, optimum et que la très grande majorité du public présent (ainsi que la totalité des protagonistes sur scène) auraient évidemment préféré que le spectacle de l’IndispensablE se déroule à l’Olympia. Cela dit, et je pense que vous en êtes tous conscients, si je joue à la Miroiterie, ce n'est ni pour le charme ou le confort des lieux, particulièrement en hiver (donc), ni pour me donner une image "underground rock'n'roll alternatif", je n'ai aucun snobisme de l'échec (ce serait même plutôt le contraire, malheureusement pour moi), mais parce que cela me permet, tout en demandant au public un prix d’entrée raisonnable et en libre responsabilisation, de gagner suffisamment d'argent pour tenter de construire ma vie autour de deux valeurs qui me sont chères au-delà de tout, la liberté et l’indépendance, car, si je n'ai pas le snobisme de l'underground, je le répète, j'ai de plus en plus en vieillissant la fibre syndicale et je suis ravi de ne pas avoir à passer sous les fourches caudines, de ne pas avoir à subir le racket serait plus juste encore, des professionnels de la profession – définitivement du DIY. On peut, j’imagine, me reprocher bien des choses, mais certainement pas mon absence de cohérence : entrée en libre responsabilisation ou téléchargement en libre responsabilisation, je tente de construire à mon échelle un système de financement libre, responsable et indépendant – je sais, je radote terriblement.
La Miroiterie donc, si tout n’y est pas parfait loin s’en faut, est une des (très très très…) rares salles dans Paris intra-muros qui permettent de tenter de réaliser cet idéal loin du "système" "normal" de diffusion de la "culture", certes plus confortable, plus respectable aussi – du moins, paraît-il – mais infiniment moins satisfaisant à mes yeux, en particulier d’un point de vue financier. Pour cela du moins vous pouvez signer la pétition sise ici. De mon côté et malgré les critiques, outre que j’ai signé ladite pétition, je m’entête et vous propose une date unique à Paris, dans cette salle donc, le jeudi 7 mai, parce que j’ai particulièrement envie d’y être présent dans ces instants moins faciles, et puis, en mai, vous verrez, l’endroit a un tout autre charme que pendant l’hiver.
Point numéro cinq. Je conclus par l’essentiel. Vous êtes de plus en plus nombreux à me proposer d’organiser une date dans votre belle région et j’en suis ravi au-delà de tout. Vous savez quoi ? Plus je vieillis, plus j’aime mon métier, la scène bien sûr, les jeunes filles charmantes rencontrées ça et là évidemment, mais même porter des caisses, même la route, même la fatigue, même les "Putain, la salle est pourrie, je ne sais pas où je vais bien pouvoir placer mon vidéoproj !", et puis, les conditions dans lesquelles je l’exerce, si elles ne sont pas confortables – nous y revenons –, ont du moins le mérite d’éviter toute routine. Alors, une fois encore je le répète, allez-y ! lancez-vous ! n’hésitez pas ! Vous voulez organiser une date (de façon sérieuse bien sûr…) de l’IndispensablE dans votre belle région ? Contactez Vaquette qui se fera une joie de vous livrer son vade-mecum sur le sujet.
Ainsi, grâce à certains d’entre vous (la plupart du temps du moins), vous pourrez me voir sur scène prochainement à Nancy (dès ce vendredi 27 mars), puis, grâce à Siu, à Strasbourg peut-être (Voir point numéro un), puis en Suisse (Je serai président du festival de courts-métrages de La Chaux-de-Fonds du 8 au 12 avril et sur scène à l’Espace noir à Saint-Imier le 14 avril – si vous avez d’ailleurs des propositions de dates en pays helvète, profitez-en, je serai dans la place (yo !) et c’est avec joie, je le répète, bonheur aussi mais sans transport (donc) que j’ajouterai une ou des date(s) supplémentaire(s) à mon planning suisse), puis à Reims grâce à Marianne & Erwann le 5 mai, à Paris deux jours plus tard (Voir point numéro quatre), à Clermont-Ferrand le 14 mai et en Bretagne début juin grâce à Boule. Ajoutez à cela très bientôt et plus encore probablement – Oui ! C’est décidé, je jette au loin mes habits misanthropes pour devenir définitivement optimiste ! – Toulouse (car malgré l’hydre de la censure, la venue de mon spectacle dans la ville rose va bien finir par se réaliser) grâce à Isabel, Vincent et Kamil, à Montpellier grâce à Jahd, à Lyon grâce à Lucia, à Nantes grâce à Mathieu, à Bordeaux grâce à Laurent, etc. etc. etc. (milles pardons à ceux que j’aurais oubliés) : qui a dit que Vaquette était seul contre tous ? – définitivement vous êtes MerveilleuX !

À bientôt donc, tous, sur scène, à commencer par Nancy dès ce vendredi,

Crevez tous,

L’IndispensablE



Spectacle à Nancy

Ce vendredi 27/03 au T.O.T.E.M, 174 rue des Brasseries, 54320 Maxéville à 20h30, 6 €

C’est terrible, je vais radoter une fois encore mais, définitivement, la répétition est la base de la pédagogie (Si vous saviez combien de fois on me l’a répétée cette phrase avant que je la retienne…) et puis, rassurez-vous, je vais tenter d’être bref, l’essentiel étant dans le chapitre 51 de mon fort beau roman, "Vaquette est un sale petit con iconoclaste".
Laissons de côté l’entertainment et faisons une rapide plongée dans le monde merveilleux de la culture française et plus précisément de sa diffusion scénique. Que voyons-nous ? D’un côté, des salles couvertes de subventions s’adressant à un public abonné à Télérama où il doit être terriblement confortable de jouer, j’imagine, mais qui ne haïssent rien tant que le radical, sauf lorsqu’il est mort bien sûr – Ah ! se servir aujourd’hui avec une bonne foi désarmante de Ferré, Barbara ou Brassens placardés sur les murs de Paris pour faire la promotion d’une salle dont le directeur, j’imagine grassement payé avec vos impôts, est le producteur de la Grande Sophie, là est la quintessence de ces gens : tu as raison, Bluj, sors le P38, j’arrive avec ma batte à clous – et de l’autre un système alternatif dans lequel le manque de moyens est une excuse, là encore confortable (un autre confort, certes moins agréable – non, je n’ai pas dit car je ne le pense pas, qu’en cela comme en rien, tout se vaut), au manque d’ambition, à la médiocrité. Voilà donc l’imposture qui gouverne pour mon plus grand malheur mon quotidien, comme si Vincent Delerm participait, même de très loin, même à la marge, à l’histoire de l’art, comme si le énième groupe de punk-ska un rien noise portait le moindre bacille de subversion en chantant "la police c’est pas cool, lève ta main en l’air si avec nous t’es d’accord, yo !"
Entre les deux, il existe de très, de trop rares OVNI qui refusent tout à la fois la complaisance de la lose et le conformisme raisonnable et prudent de la bourgeoisie culturelle. Parmi ceux-là, citons le T.O.T.E.M où je vais jouer ce vendredi, du moins c’est comme cela que je l’imagine – par pitié, par charité chrétienne, ne me retirez pas les dernières illusions qu’il me reste –, capable d’avoir pignon sur rue, une aura régionale, une certaine respectabilité même, et de programmer Costes, Lukas Zpira ou l’IndispensablE.
Pffff ! Voyez où j’en suis ! Bientôt récupéré ! J’en arrive à dire du bien de mes employeurs comme le dernier salarié soumis venu : définitivement, on ne peut plus faire confiance à personne. Tenez ! Parti comme ça, puisqu’il faut douter de tout, je vais finir par jouer aux Trois Baudets.




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